OL : chapeau de cowboy, succession de coachs, Aulas dehors ... c'était les années Textor | OneFootball

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·30 June 2025

OL : chapeau de cowboy, succession de coachs, Aulas dehors ... c'était les années Textor

Article image:OL : chapeau de cowboy, succession de coachs, Aulas dehors ... c'était les années Textor

Le 30 juin 2025, John Textor démissionnait de ses fonctions à la tête de l'Olympique Lyonnais. Trois ans après avoir racheté le club historique à Jean-Michel Aulas, l'homme d'affaires américain laisse derrière lui un héritage controversé fait de guerre ouverte avec son prédécesseur, de clash retentissant avec Nasser Al-Khelaïfi, de transferts opaques et d'une relégation administrative qui marque la fin brutale de son aventure française avec l'OL.

L'histoire se termine comme elle avait commencé : dans la tourmente financière. Le 24 juin 2025, la DNCG confirmait la relégation administrative de l'OL en Ligue 2, une sanction qui planait depuis novembre 2024. Avec une dette atteignant 540 millions d'euros au 31 mars - loin des 180 millions promis lors de son arrivée - John Textor n'aura jamais réussi à redresser la barre. Pourtant, l'Américain avait multiplié les efforts. En janvier 2025, il injectait encore 83 millions d'euros via sa holding Eagle Football.


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Deux jours avant l'audition fatidique devant la DNCG, il signait même un accord pour céder ses parts (45%) dans Crystal Palace contre plus de 200 millions d'euros. Mais cette manne financière n'était pas immédiatement disponible, condamnant définitivement le club rhodanien. Le gendarme financier français s'était montré inflexible face aux promesses répétées de Textor. « Les promesses ne seraient pas suffisantes », avait prévenu Jean-Marc Mickeler, patron de la DNCG. Une position ferme qui contrastait avec le traitement réservé à l'époque de Jean-Michel Aulas, point que ne manquera pas de soulever l'Américain dans ses dernières déclarations.

Textor - Aulas, la guerre fratricide

La relation entre John Textor et Jean-Michel Aulas symbolise à elle seule l'échec de cette transmission. Censé rester trois ans pour assurer la transition, l'ancien président historique est brutalement écarté dès mai 2023, seulement cinq mois après l'officialisation du rachat. S'ensuit une guerre ouverte qui culminera en août 2023. Aulas engage une procédure judiciaire et obtient le gel de 14,5 millions d'euros sur les comptes du club, paralysant l'OL en plein mercato. « Pour défendre ses intérêts personnels, il a mis en risque tout le club », dénonçait alors Santiago Cucci, président exécutif de l'OL.

Textor riposte en accusant publiquement son prédécesseur d'avoir « caché la situation financière réelle du club » lors de la vente. Une attaque qui vaut à l'Américain une plainte en diffamation. « Il y a eu une évaluation erronée de la situation financière réelle de l'OL », martèle Textor, qui reproche à Aulas de ne pas lui avoir révélé les risques liés à la DNCG.

La réconciliation viendra finalement en décembre 2023. Les deux hommes, aperçus côte à côte dans les tribunes du Groupama Stadium, annoncent un accord : Eagle Football rachète les parts d'Aulas pour 14,5 millions d'euros. « Toutes les procédures juridiques sont arrêtées », confirmait alors l'ancien président. Mais les rancœurs resteront tenaces, Aulas qualifiant plus tard Textor d'« assez insaisissable sur le plan de la logique » et estimant qu'il ne serait « pas vraiment un chef d'entreprise ». Ce à quoi Textor décidé de répondre : "J’ai été très déçu d’autant plus qu’on s'était mis d’accord avec Jean-Michel Aulas pour faire table rase du passé... Manifestement, lui n’a pas tourné la page."

Al-Khelaïfi, du cow-boy au léchage de bottes

L'épisode le plus rocambolesque du mandat de Textor reste sans conteste sa confrontation avec Nasser Al-Khelaïfi. Le 14 juillet 2024, en pleine négociation sur les droits TV, l'Américain s'en prend frontalement au président du PSG, lui reprochant un comportement « tyrannique » et un conflit d'intérêts avec BeIN Sports. La réponse du Qatari est cinglante : « John, tu es un cow-boy qui vient de nulle part, arrête de parler, tu n'y comprends rien. » La vidéo fait le tour des réseaux sociaux, mais Textor ne s'avoue pas vaincu. Il multipliera les provocations, notamment en février 2025 quand il apparaît sur la pelouse du Groupama Stadium avec un chapeau de cow-boy avant le match contre le PSG.

« Nous devons rivaliser avec le Qatar en France. Je suis en concurrence avec un pays, pas avec un propriétaire », expliquait-il au média brésilien Ge Globo quelques mois plus tôt, dénonçant le « modèle de dépenses débridées » du PSG. « J'espère qu'on va leur botter le cul », lançait-il avec sa verve habituelle en leur souhaitant de faire une mauvaise saison. Paris terminera champion d’Europe pour la première fois de son histoire. Mais le revirement sera spectaculaire. En mai 2025, les deux hommes se réconcilient publiquement dans une loge du Parc des Princes. Vincent Labrune, président de la LFP, orchestrera cette réconciliation inattendue. Textor présente ses excuses, reconnaissant son « comportement inapproprié », tandis qu'Al-Khelaïfi prône l'union face aux difficultés du football français. Une volte-face qui illustre parfaitement l'opportunisme de l'Américain se sentant en difficulté.

La galaxie Eagle : transferts opaques et montages douteux

La multipropriété de John Textor (OL, Crystal Palace, Botafogo, Molenbeek) aura été source de controverses permanentes. L'homme d'affaires n'hésite pas à faire circuler joueurs et capitaux entre ses différents clubs dans des montages financiers opaques. L'exemple le plus frappant concerne Nottingham Forest, club de son « ami » Evángelos Marinákis. En 2024, l'OL vend Orel Mangala pour 23,4 millions d'euros et achète Moussa Niakhaté pour 31,9 millions - des transactions qui arrangent les deux clubs pour le fair-play financier. L'été suivant, nouveau deal rocambolesque en prévisision. Nottingham devrait acheter deux joueurs de Botafogo pour plus de 35 millions d'euros, tandis que l'OL pourrait recruter Danilo pour 25 millions... malgré son interdiction de recrutement par la DNCG (remplacée depuis par une relégation en Ligue 2).

Plus troublant encore, Eagle Football Group transfère pour près de 100 millions d'euros les droits économiques de trois joueurs de Botafogo vers Lyon. Résultat : l'OL réalise une plus-value sur Luiz Henrique, vendu 33 millions au Zenit, alors que le Brésilien n'a jamais joué en France. Cette politique de « braderie géante en circuit fermé » s'étend aux staffs techniques. L'ancien entraîneur de la réserve lyonnaise Gueïda Fofana est envoyé à Molenbeek, tentative ratée puisque le club belge échoue en barrage d'accession. Quant au renommage du club en « Daring Brussels », il provoque la colère des supporters qui y voient un « passage en force ».

Pierre Sage et la valse des entraîneurs

John Textor restera dans l'histoire comme un « consommateur d'entraîneurs ». Après avoir évincé Laurent Blanc au bout de quatre journées en 2023-24, critiquant publiquement son « manque d'unité » et ses « jeux avec les médias », l'Américain enchaîne les changements. Fabio Grosso ne dure que sept rencontres avant de céder sa place à Pierre Sage en novembre 2023. L'ancien directeur du centre de formation réalise pourtant des miracles : remontada spectaculaire en Ligue 1, qualification en Ligue Europa et finale de Coupe de France. Avec 57,1% de victoires, Sage affiche le troisième meilleur pourcentage d'un entraîneur lyonnais au 21e siècle.

Mais en janvier 2025, après une série de mauvais résultats et l'humiliation en Coupe de France face à Bourgoin-Jallieu (N3), Textor tranche. La décision provoque la « stupéfaction » au sein du club et des supporters. Paulo Fonseca est pressenti pour prendre la succession, incarnant cette quête permanente du « grand nom » qui caractérise la politique sportive erratique de Textor. Et ce phénomène ne s’arrête pas à Lyon. Alors que Botafogo s’est imposé face au PSG et s’est hissé jusqu’en huitièmes de finale de la Coupe du monde des Clubs, Textor a décidé de limoger son entraîneur Renato Paiva. Quelques jours plus tôt, l’homme d’affaires américains l’enlaçait passionnément après la victoire face au champion d’Europe.

Épilogue d'un rêve américain avorté

Le 30 juin 2025, John Textor démissionne de ses fonctions, laissant Michele Kang lui succéder. Trois ans après avoir promis de réduire la dette lyonnaise de 330 à 180 millions d'euros, l'Américain part en laissant un passif de 540 millions et un club relégué administrativement en Ligue 2.

Son aventure française aura été à l'image de sa personnalité : flamboyante, imprévisible et finalement destructrice. L'OL, septuple champion de France entre 2002 et 2008, paie aujourd'hui le prix fort de cette gestion chaotique et flirt avec la Ligue 2. Un club historique sacrifié sur l'autel des ambitions démesurées d'un homme d'affaires qui n'aura jamais compris les codes du football français. Ou du football tout court.

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