L’Instant Tactique avec Walid Regragui : « Les meilleurs entraîneurs sont ceux qui savent le mieux gérer les egos » | OneFootball

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·13 March 2025

L’Instant Tactique avec Walid Regragui : « Les meilleurs entraîneurs sont ceux qui savent le mieux gérer les egos »

Article image:L’Instant Tactique avec Walid Regragui : « Les meilleurs entraîneurs sont ceux qui savent le mieux gérer les egos »

Quoi de mieux que le somptueux complexe Mohamed VI pour rencontrer Walid Regragui et décrypter sa philosophie d’entraîneur ? C’est dans le centre d’entraînement de la sélection marocaine, considéré comme l’égal d’un Clairefontaine, que le coach des Lions de l’Atlas nous a donné rendez-vous. Au menu de la journée : visite guidée, séance photos et bien sûr long échange passionné dans le cadre de notre rubrique « Instant Tactique ».


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La venue dans le football

Je suis tombé dans le foot un peu comme tous les gamins. Déjà, dans le quartier où je vivais, c’était le sport qui permettait de réunir tout le monde. On n'avait pas pas besoin de grand chose pour s’amuser. Il suffisait d'un ballon pour réunir beaucoup de gamins. Ça a commencé autour du square et du bâtiment où je vivais. Et petit à petit, une structure m'a vu jouer dans un petit tournoi et m'a permis d'intégrer le club de Corbeil-Essonnes. Et là, tout a commencé. La vision qu'on a du football quand on est gamin, c'est la meilleure vision. C’est la version la plus pure du football. Ensuite, le professionnalisme entre en ligne de compte. Il y a les intérêts économiques, beaucoup de choses changent. Quand on est vraiment dans le milieu, on se rend compte que l'image qu'on avait petit, ce n’est plus la même. Elle diffère beaucoup. Le seul lien qu'on a en commun, entre le football des débuts et celui des professionnels, c’est le match, la compétition, devant le public. C’est ce dont on rêvait quand on était petit : jouer devant du monde, dans un stade plein contre une équipe en face avec onze joueurs. Ensuite, le jeu nous départage.

La différence de point de vue comme joueur ou entraîneur

Là, l’approche est encore plus différente que lorsqu’on est joueur. C'est un métier totalement différent. Je dis souvent à mes joueurs : « Vous faites le plus beau métier du monde ». Entraîneur, c'est complètement différent, c'est du management, gérer plein de choses, il faut gérer une « mini entreprise » pour gagner. On a beaucoup de responsabilités au cours de la semaine pour que le jour J, les joueurs ou l'adversaire décident de votre sort. Quand tu es joueur, tu joues, tu joues pour gagner, tu joues pour prendre du plaisir et tu disposes de ce que te propose l'entraîneur. Quand on est coach, on a beaucoup plus de responsabilités. C'est un tout autre métier.

Devenir coach, une vocation ?

Oui et non. Oui, parce que c'est quelque chose que j'avais au fond de moi. La preuve, c'est que j'ai décidé d'arrêter ma carrière alors que j'aurais pu jouer encore un ou deux ans. Mais j’ai préféré passer mes diplômes en France. C’était vraiment quelque chose qui me trottait dans la tête en fin de carrière. Petit à petit, j'ai vraiment voulu devenir coach. Quand je rencontre certains entraîneurs que j’ai côtoyés par le passé, ils disent qu'ils ne sont pas surpris. Donc c'est qu'ils avaient vu en moi quelqu'un qui avait envie de passer le cap. Je savais que je voulais rester dans le football. Mais je ne connaissais pas le rôle. Je pense et j'ai l'impression que le rôle d'entraîneur, c'est ce qui me va le mieux.

La plupart des coachs ont un passé de joueur, logique ?

Oui, quand même. On est quand même passé par la case joueur. Donc il y a des choses qu'on a vécues, qu'on connaît : la vie de groupe, la compétition. Ça nous aide. Mais, en aucun cas, nous ne sommes plus compétents qu’un entraîneur qui n’a pas été joueur. Ça ne veut rien dire. Ça aide dans certaines situations. C’est vrai, c’est la réalité du football d’aujourd’hui, de nombreux anciens joueurs deviennent entraîneur et franchissent le pas. On a tendance à voir des ex-joueurs devenir entraîneurs contrairement à l’époque. Par le passé, c’était moins le cas. C’est la suite logique on va dire.

Les principes de jeu

Mes principes de jeu sont assez clairs et simples. Je suis d'abord un entraîneur qui aime gagner. Je m’adapte à l'effectif mis à disposition. En club, c’est différent par rapport à la sélection. En sélection, la chance ou l'avantage que j'ai, c'est qu'avant chaque rassemblement, je peux choisir mes joueurs par rapport au style de jeu et au système de jeu que je veux mettre en place. Concernant mes passages dans les clubs, j'ai prouvé que je suis un entraîneur qui aime avoir le ballon, qui aime attaquer et et qui aime poser des problèmes à l'adversaire. Voilà l'idée globale. Je suis un entraîneur qui aime la possession, qui a envie d'avoir le ballon, mais pas n'importe comment. Avoir une possession stérile et faire des passes vers l’arrière, ça ne m’intéresse pas. C’est un processus qu’il faut mettre en place, à chaque fois, pour être une équipe conquérante. J’aime le terme « conquérant ». J’aime l’idée d’équipe pro-active, qui ne laisse pas l’adversaire prendre le contrôle ou dominer.

Le schéma tactique préféré

Mon schéma tactique préféré, naturellement, c'est le 4-3-3. J'ai beaucoup évolué dans ce système, en équipe nationale en tout cas. En club, j'ai beaucoup évolué, beaucoup changé. Au FUS, j’ai pu jouer en 3-5-2 et en 3-4-3. Au Wydad par exemple, j’ai voulu jouer en 4-3-3, et à un moment, nous sommes passé en 4-2-3-1 car on avait un bon numéro 10. Et on voulait le mettre dans les meilleures conditions. Premièrement, ça dépend des joueurs dont je dispose. Ensuite des résultats, ils peuvent aussi faire évoluer les systèmes. Un entraîneur doit savoir s'adapter. Je suis un caméléon qui s’adapte par rapport aux joueurs présents dans l’effectif. Et pas en fonction de l’adversaire. Avec la sélection, je suis arrêté sur le 4-3-3, c’est le système qui nous va le mieux. Déjà, il fallait qu'on ait beaucoup de monde au milieu car on a des joueurs techniques. Ce 4-3-3 peut être modulable, ça peut être un 4-2-3-1 quand on a le ballon, ça peut être un 4-4-2 quand on a le ballon, comme ça peut être un 4-4-2 quand on n’a pas le ballon. Chacun a un rôle différent par rapport à chaque situation. Il y a une trame commune : quand on n’a pas le ballon, on a un bloc équipe cohérent avec un joueur comme Amrabat qui est dans dans les meilleures dispositions. Quand on a le ballon, on a des joueurs comme Ounahi, Ben Seghir, Saibari ou El Khannouss qui peuvent s’exprimer. Par le passé, on a même pu voir Ziyech dans le rôle de milieu de terrain. On a joué avec différents joueurs, dans différents styles, mais dans le même système. Et beaucoup de personnes ne se sont pas rendu compte qu'on avait le même système. Quand tu mets Ziyech en numéro 8, les gens peuvent penser que c'est un 10. Pareil, quand tu mets Ben Seghir en 8, ils peuvent penser que c'est un 10. Or, on est dans la même disposition qu'au Mondial. Avec un joueur comme Amallah par exemple qui a un rôle plus défensif, les gens ont pu penser qu’on était une équipe défensive. Ça revient à ce que je disais au départ, le système évolue selon les joueurs sur le terrain.

Le système le plus équilibré ?

Tout dépend si tu veux être solide ou pas. Des entraîneurs peuvent penser qu'à trois derrière, tu es beaucoup plus cohérent. Moi, non. Moi, ça m'embêterait de jouer avec trois défenseurs centraux. Surtout quand on voit le potentiel offensif et le potentiel qu'on a au milieu de terrain. Donc on reste sur sur notre philosophie de jeu marocaine. C'est à dire avoir les meilleurs joueurs sur le terrain et des joueurs de ballon. À partir du moment où l’on a des joueurs de ballon, avoir plus de joueurs au milieu, ça me paraît plus logique. Surtout quand on voit le potentiel au milieu : Amrabat, Ben Seghir, Ounahi, Richardson, El Azzouzi, El Khannouss, Saibari et j’en passe. On a beaucoup de joueurs pour peu de postes. En mettre trois au milieu, ce n’est déjà pas assez, j’ai envie de dire.

Le système ou les joueurs, qui passe en premier ?

Les joueurs passent forcément avant le système. Ceux qui pensent le contraire se trompent. Si on ne pensait pas aux joueurs avant le système, on n’achèterait pas des joueurs à plus de 150 millions d’euros. Et chaque équipe s'occuperait de son système. À un moment donné, les joueurs font l'équipe, font le système. Et plus tu as de bons joueurs, plus c'est plus facile pour un entraîneur de mettre en place ses idées. Sans bons joueurs, c'est quand même compliqué. Quand tu peux te permettre de mettre Ben Seghir, Diop, Richardson, Ounahi et avoir dans les couloirs des joueurs de percussion, c'est mettre les meilleurs joueurs à leur meilleur poste. Et avoir les meilleurs joueurs à leur meilleur poste, ça te permet d'avoir le meilleur système. Par le passé, on a pu adapter les joueurs selon le système défini au départ. La preuve, à la Coupe du Monde, le système était primordial par rapport aux joueurs. On a vu nos limites. On n'a pas pu gagner la Coupe du Monde parce qu'à un moment donné, le système n’a pas pu battre les individualités de la France ou de la Croatie. Pour gagner des titres, il te faut des joueurs de très haut niveau qui peuvent faire la différence. La preuve, c'est qu’à la CAN, quand on a perdu Ziyech et Boufal, on a aligné des joueurs de qualité à la place mais ils n’avaient pas encore le niveau de Ziyech et Boufal sur ce type de compétition. D'où l'intérêt d'avoir des grands joueurs et de doubler les postes. C’est important d'avoir des  joueurs de même qualité aux postes. Comme on l'a vu au Mondial, quand on a manqué de défenseurs, on a eu des problématiques, car on n’avait pas de joueurs du même niveau… Donc si on veut gagner des titres, il faut des remplaçants du même niveau que les titulaires.

La différence entre une bonne et une mauvaise tactique ?

C'est le résultat. Ce sont les supporters qui décident de la bonne ou de la mauvaise tactique. Et c'est le résultat malheureusement. Parfois, on a pu avoir la bonne tactique, la bonne approche et la réalité du terrain a fait la différence. Tu as un Messi qui dribble toute ton équipe et qui te fait perdre le match. Et à l’arrivée, est-ce qu’on avait la mauvaise approche ou pas ? Ce n’est pas forcément la tactique ou l’entraîneur qui te fait perdre le match. De toute façon, l’entraîneur, c’est le fusible idéal. Quand on gagne, ce sont les joueurs, et quand on perd, c'est l’entraîneur. Donc forcément, je te réponds le résultat. Malheureusement, dans le football d'aujourd'hui, le résultat est primordial. Et il vient te donner raison ou tort par rapport à la tactique que tu as mise en place. Au Mondial, personne n’a parlé de tactique. Par contre, à la CAN, on était dans d'autres dispositions, on avait la possession, on était proactif, on a perdu et tout le monde disait que la tactique était mauvaise. Donc le résultat te dit, malheureusement pour nous les entraîneurs, si on est bon ou pas.

Est-ce toujours la meilleure tactique qui l’emporte ?

Non, ce n'est pas la meilleure tactique qui gagne. Malheureusement, pour les coachs (sourire). Mais la réalité du football te rattrape souvent. J’ai déjà cité Messi, je peux aussi citer Mbappé, Neymar, ou Maradona. Parfois, tu as des joueurs qui sont tellement talentueux, qu’ils peuvent te faire déjouer n'importe quelle tactique. Et si ce n'était pas le cas, on n'achèterait pas des joueurs à plus de 150 millions d'euros.

La définition du bon entraîneur selon toi ?

Le bon entraîneur, c'est celui qui est entraînant, qui arrive à faire partager une idée commune, celle qu'on peut gagner ensemble. Tout en optant pour la tactique qu'il a envie de mettre en place et les convaincre que c'est la bonne méthode pour gagner. Par exemple, j'étais un très bon entraîneur au Mondial. J’ai été un moins bon entraîneur à la CAN. Car au Mondial, j'ai pu tirer le maximum de mes joueurs. Je les ai fait adhérer à un projet commun. On a été au bout de cette aventure et c'est ce qui a permis de mettre le Maroc sur la carte. Contre l’Afrique du Sud, j’ai été un moins bon entraîneur parce que justement, on s'est fait sortir en huitièmes. Et, peut être, que les joueurs n’ont pas su comprendre où je voulais les amener dans cette CAN. C'est aussi simple que ça. D'une compétition à une autre, j’ai pu être très bon comme j'ai pu être mauvais. Mais comme je te l'ai dit, c’est le résultat avant tout. Si on avait été en finale de la CAN avec le même style de jeu, on aurait dit que j'étais un génie. Malheureusement, ce n’est pas passé, ça m'a permis de me remettre en question et aussi de remettre en question beaucoup de joueurs. Donc la différence entre un bon et un mauvais entraîneur, c'est seulement le résultat. Enfin, pas de mon point de vue, mais pour l’opinion publique, les journalistes et les supporters, oui, c’est le résultat.

La différence entre un bon et un mauvais entraîneur ?

Un bon entraîneur, c'est celui qui tire le maximum d'un groupe. Le très bon entraîneur aujourd'hui, par exemple en France, c’est Eric Roy. Avec une équipe comme Brest, avec un budget limité, il a réussi à qualifier son équipe en Champions League. Et il a réussi à passer la phase de groupe. Alors qu'il n'a pas le même budget que les autres, comme le PSG ou le Real Madrid. Pour moi, c'est un très grand entraîneur parce qu'il a su tirer le maximum d'une équipe qui n'est pas, soi-disant, à sa place. Ça, c'est un très grand entraîneur. Dans le même temps, je pourrais te donner beaucoup de mauvais entraîneurs qui ont des budgets de 700 millions d'euros et qui sont septième ou huitième en championnat (il coupe et réfléchit). Mais dans le fond, ce ne sont pas non plus des mauvais entraîneurs, car ça peut être aussi compliqué de gérer un budget à 700 millions. C’est peut-être même plus compliqué que de gérer un budget à 40 millions. Voilà l'avantage du football, on peut en parler des heures, donner des avantages et des inconvénients à chacun, mais personne ne détient la vérité.

Peut-on être un bon entraîneur sans avoir remporté de trophée ?

Bien sûr qu’on peut être un bon entraîneur sans avoir remporté de trophée. J'aime parler de Rolland Courbis qui parle d'objectifs logiques de début de saison par rapport au budget et par rapport à l'équipe à disposition. Quels sont les objectifs à atteindre, par exemple des équipes qui jouent le maintien, si l’entraîneur se maintient à la fin de la saison avec un petit budget ? Et bien, c'est un bon entraîneur parce qu'il a atteint ses objectifs avec peu de moyens. Et au contraire, quelqu'un qui avait un gros budget, s'il n'atteint pas les objectifs, ça voudra dire qu'il sera passé à côté. Donc bien sûr qu'on peut être considéré comme un très grand entraîneur, même un bon entraîneur selon les moyens qu'on a à disposition.

La satisfaction pour un coach ?

Il y a deux manières. La première, c'est quand on voit son groupe adhérer à ses principes et donner le maximum par rapport à ce qu'on leur a proposé. La deuxième, c'est atteindre les objectifs qu'on s'était fixés. Quand on atteint les objectifs, les objectifs communs, c'est la plus belle des choses qu'on puisse vivre avec son groupe. Tu peux toujours relativiser. Voilà, certaines équipes n’ont pas de budget, mais en fin de saison, elles sont aussi heureuses de se sauver que d'être championnes. Et parfois, c'est même plus difficile avec certaines  équipes de se sauver que d'être champion. Même si chaque équipe a sa problématique.

L’entraîneur africain est-il sous côté ?

Oui, l’entraîneur africain est sous-coté. Il ne faut pas se mentir, mais ça vient aussi de l'historique de l'Afrique. Tant qu’on ne performera pas dans les grandes compétitions, ce sera comme ça. Je l’ai répété à de nombreuses reprises à mes joueurs durant la Coupe du Monde. Il va falloir qu'on passe un cap. Et ça passe par les résultats des pays africains en Coupe du Monde, pour remettre l'Afrique sur la carte et pour qu'on soit plus respectés. Par les autres pays d’abord et par les clubs européens ensuite. Dans mon cas, j’ai eu de nombreuses sollicitations de grands clubs européens après le Mondial. Ça veut dire que quand il y a performance, il y a respect de la part des grandes équipes. Tout passe par les résultats. Malheureusement ou heureusement. J’espère que dans le futur, il y aura de plus en plus d'équipes africaines, mais avec des entraîneurs africains à leur tête qui vont rehausser la cote de l'entraîneur africain. Afin qu'on soit aussi sur le marché et qu'on soit respecté à notre juste valeur. Si un entraîneur africain remporte la Coupe d’Afrique, il sera respecté, mais pas de la même manière qu’un entraîneur qui gagnera un championnat d’Europe. Un entraîneur comme Luis de la Fuente a gagné l'Euro avec l'Espagne alors qu'il n’a jamais entraîné en club. Demain, il pourra entraîner n'importe quel grand club européen grâce à ce trophée. Des coachs comme Belmadi ou Aliou Cissé, même s’ils ont gagné la CAN, je ne sais pas si le marché européen les voit de la même manière ou leur donne le même respect que les coachs européens. Alors que je suis sûr et persuadé qu'ils ont le niveau pour entraîner de grands clubs européens.

La différence entre sélectionneur et entraîneur de club ?

C'est un métier complètement différent. Moi, j'ai la chance d'avoir entraîné en club pendant dix ans avant de devenir sélectionneur, donc je suis vraiment bien placé pour m’exprimer sur ce sujet. C'est un métier différent. Justement sur le fait de mettre en place ses idées, c'est beaucoup plus long et beaucoup plus compliqué quand on est sélectionneur. À chaque rassemblement, le nombre d’entraînement est limité, on a des problématiques avec le groupe, car on peut avoir des absents. Quand on a un absent sur un rassemblement, ça veut dire qu'on a un absent sur pratiquement quatre ou cinq mois puisque le prochain rassemblement est plusieurs mois après. Le projet de jeu qu'on a envie de mettre en place, il est difficile, mais il est passionnant. Parce qu'en fait, on est sur de l'accélération tactique, on doit s’adapter à chaque moment et aller vite. Je donne par exemple la semaine type, on a des matchs le jeudi ou le vendredi. Les joueurs arrivent le lundi soir et doivent récupérer parce qu'ils ont joué le dimanche. On a vraiment qu’une séance pour mettre tout en place. Et dans la séance globale, on a les coups de pied arrêtés, on a l'animation offensive, on a l’animation défensive et tout ce qui va avec. Et tout ça, en seulement une ou deux séances. Alors qu’en club, on a une préparation de quatre ou cinq semaines durant lesquelles on peut s'entraîner deux ou trois fois par jour, on a des matches amicaux pour voir ce qui a été, ce qui n'a pas été. En sélection, on est jugé directement sur les matches de compétition et on est critiqué à juste titre ou à défaut. Après ces matchs, rebelote, on ne les revoit que deux ou trois mois après. Donc c'est beaucoup de management, beaucoup de mise en place tactique, on est en mode 2.0 voire 3.0. C'est aussi pour ça que ce métier est passionnant. Il faut adapter un groupe par rapport aux humeurs, par rapport à qui peut jouer, aux ententes des joueurs entre eux. Et pour se rendre compte de tout ça, il faut du temps.

Différence d’approche pour une compétition majeur

On est entre nous, on va à l'essentiel, surtout les sélectionneurs. Ce qui nous importe au départ, c'est de gagner. Quand on gagne, tout le monde est content, on rend nos supporters heureux et on atteint nos objectifs. L'objectif, c'est aussi de se qualifier à chaque fois et de gagner des titres. Donc on va à l'essentiel. Sélectionner des joueurs pour un match de qualification et une compétition, c'est différent parce qu’à ce moment-là, il faut choisir le meilleur groupe possible pour atteindre l’objectif. Et là, il y a beaucoup de choses qui entrent en ligne de compte. Bien sûr, il y a la qualité des joueurs, mais il y a aussi la cohésion de groupe. Il y a les partenaires qui s'entendent, qui ne s'entendent pas. Par exemple, je vais te donner la relation couloir entre un Hakimi, avec quel ailier il peut s'entendre le mieux, avec qui il peut donner la pleine mesure de ses qualités. On peut se rendre compte qu’avec certains joueurs, ça peut aller mais qu’avec d’autres, ça ne peut pas jouer. Il faut trouver les combinaisons parfaites dans cet effectif et ensuite trouver l'équilibre de l’équipe. On l’a prouvé à la Coupe du Monde, ce n’est pas les 23 ou 26 meilleurs marocains qui gagneront une compétition, c'est les 26 meilleurs coéquipiers qui gagneront une compétition. Et quand j'insiste sur le mot coéquipier, c’est vraiment important. Tu peux avoir les 26 meilleurs joueurs, 26 Ballons d'Or et ne rien faire. Par le passé, on a bien vu qu’avoir les meilleurs joueurs ne te garantissait pas de gagner des titres. Quand tu regardes le PSG avec Messi, Neymar et Mbappé, ils n'ont pas pu gagner la Champions League. Donc ça me conforte dans le fait que c'est le meilleur groupe qui gagne un titre.

La part de psychologie dans le foot

Je parlerai plus de management que de psychologie ou de psychiatrie, même s'il y a un peu de psychiatrie dans notre métier (sourire). On essaie de plus en plus de se faire accompagner par des professionnels. Tu as un groupe de 25, 26 joueurs à gérer, chacun a son ego, ses ambitions. Le métier d'entraîneur ou de sélectionneur, et encore plus de sélectionneur aujourd'hui, c'est de savoir gérer ces joueurs-là. C'est compliqué parce qu’on se rend compte qu'on gère des joueurs qui ont des ambitions personnelles, qui ont des egos. L'objectif pour nous, c'est que dans leurs ambitions personnelles, dans leurs egos, ils passent en priorité l'intérêt du pays et de l'équipe. Et c'est pour ça que parfois, on fait des choix que les gens peuvent ne pas comprendre. Mais nous, on est à l’intérieur, on se rend compte qu'à un moment donné, oui, il peut y avoir certains joueurs qui font passer leur intérêt personnel avant celui de l'équipe, même si ce n’est pas visible pour le public. À ce moment-là, on est obligé de trancher et de prendre les meilleures décisions pour le bien de l'équipe.

La gestion des egos

On fait aussi ce métier pour ça. C'est pour ça qu'on a cette énorme responsabilité. Gérer des egos, c’est de plus en plus difficile. Aujourd'hui, les meilleurs entraîneurs sont ceux qui savent le mieux gérer les egos. J’ai envie de revenir à ta question « Qu’est-ce qu’un bon entraîneur ? ». C’est celui qui d'abord sait gérer un effectif, sait gérer les egos et surtout sur la durée. Parce que gérer tout ça sur une semaine, c’est faisable, gérer sur une compétition, ça peut le faire. Mais les gérer sur la durée, sur une saison ou sur deux saisons, ça devient de plus en plus compliqué. C'est pour ça que les entraîneurs ne durent pas, les joueurs se lassent rapidement. Les joueurs, comme pour les téléphones, sont à l'image de la société. Voilà, ils passent sans citer de marque. Ils passent du treize au quatorze, du quatorze au quinze et d'une application à une autre. Et par la même occasion, ils sont moins patients.  Et ils peuvent passer d'une humeur à une autre rapidement. Ils peuvent aimer la discipline comme ne plus l'aimer avec un autre entraîneur. Quand tu ramènes un gentil, ils sont contents qu'il vienne au départ et après ils ont besoin du méchant. Et quand le méchant arrive, ils sont contents du méchant. Ils disent : « Voilà, c'est ce qu'il nous fallait ». Au bout d'un an, ils te disent : « On n'a plus envie du méchant ». C'est la réalité de l'entraîneur aujourd'hui. Ce n’est pas une une plainte, c'est une adaptation que nous, les nouveaux entraîneurs, devons prendre en compte. C’est à nous de vite nous adapter, de passer aussi du méchant au gentil, du gentil au méchant, du tacticien au manager et du manager au tacticien. On doit passer de l'entraîneur, peut être 2.0 ou 3.0 à l'intelligence artificielle, mais c'est une réalité globale. Il faut évoluer. L'entraîneur qui reste dans le passé va rapidement mourir.

Une causerie type ?

On a un fil conducteur par rapport à la compétition qu'on prépare ou par rapport au match qu'on prépare. On s'adapte aussi à la semaine qui se passe parce que la réalité du lundi, ce n’est pas celle du vendredi. Il peut y avoir des blessés. Tu peux partir sur une équipe et au dernier moment, le joueur se blesse en championnat. La semaine d'entraînement ne se passe pas comme prévu. Il faut s'adapter. Durant la semaine, on a un fil conducteur par rapport au match. Mais la causerie d'avant match, elle est préparée la veille ou le matin du match. Et elle va dépendre de ce que j'ai ressenti durant la semaine. Parfois, je peux miser sur les émotions parce que je sens que le groupe ne se rend pas compte de l'intérêt ou du risque qu'il y a dans le match. En tout cas de la priorité du match. Ou sinon,insister sur la tactique et sur ce qu'on a à mettre en place. Ça dépend. Je suis quelqu'un qui ressent beaucoup les choses et qui marche beaucoup au feeling. Donc la semaine d’entraînement est primordiale pour préparer la causerie du match.

La difficulté de lier ses principes de jeu avec la recherche du résultat

Parfois, on doit même abandonner ses idées pour gagner un match et c'est frustrant. Le football d'aujourd'hui a complètement changé. Bien sûr, il y a l'envie de faire plaisir au public. C’est souvent la priorité, faire du spectacle, marquer des buts, parce qu'on est là pour ça aussi. Mais la réalité est qu’avec le public, tu peux bien jouer, tu peux créer du spectacle, mais si tu ne gagnes pas à la fin, on ne verra que le verre à moitié plein ou à moitié vide. Gagner, c'est ce qui te permet d'avoir du temps et de rendre heureux les gens. Et bien sûr, le jeu, c’est important pour durer. La qualité de ton jeu se voit avec le temps, pas sur un match ou deux. Ça se voit avec le temps et c'est ce qu'on recherche. Au Maroc, on veut avoir notre propre style et  faire plaisir à notre public tout en gagnant. Le bon entraîneur, c'est celui qui arrive à concilier le tout.

Il y a deux écoles : celle du jeu et celle du résultat, ton positionnement ?

Moi, je suis dans les deux écoles et l'entraîneur qui te dira le contraire ment. La réalité est là. Il y a les romantiques qui veulent faire croire plein de choses et beaucoup de journalistes militent pour ça. Ils ont raison, ils tendent vers le romantisme. Ils te vendent le style de jeu. Ils te disent : « C'est un entraîneur qui fait jouer son équipe ». Mais à l'arrivée, celui qui fait jouer son équipe et qui ne gagne pas, il n’entraînera jamais le Real Madrid, jamais le Barça, jamais City, jamais Arsenal… Ce n’est pas vrai. Les entraîneurs qui sont là bas, c’est ceux qui gagnent. À l'arrivée, j'ai envie de dire qu’il faut concilier les deux. Le meilleur City qui a gagné la Champions League, ce n’est pas celui qui jouait le mieux. Moi, je suis dans les deux, je pique un peu à tout le monde, j'ai envie de bien jouer, mais j'ai d'abord envie de gagner. Les grands entraîneurs sont ceux qui ont envie de gagner, pas ceux qui ont seulement envie de bien jouer. Après, ceux qui ont envie de bien jouer, ils te diront : « J'ai envie de bien jouer en gagnant. Et je n’ai pas envie de gagner en jouant mal ». Ceux là n’entraînent pas les grands clubs.

La part de chance dans un match ?

La chance, tu la provoques. C'est tout le travail en amont qui fait qu'à un moment donné, la chance bascule de ton côté. De part ma petite expérience, sur une carrière, tout s’équilibre. La part de chance s'équilibre. Au Mondial, ça s'est joué à des penalties, ça s'est joué à un poteau pendant la prolongation. Et à la CAN, ça s'est joué également à un penalty. La chance que j'ai eue au Mondial, je ne l'ai pas eue à la CAN. J’ai gagné cinq titres. Mais j'en ai perdu aussi. J'ai perdu deux finales sur des penalties. J'ai perdu deux demies-finales à la dernière minute. Sur le coup, ça fait mal parce que tu te dis : « Je n’ai pas eu de chance ». Mais quand tu prends du recul sur ta carrière, tu te dis : « À un moment donné, j’ai eu de la chance pour gagner ces titres aussi ». Et tu te dis aussi : « Je n’ai pas eu de chance à ce moment-là, car j’aurais pu gagner d’autres titres ». Comme je te disais, tout s’équilibre. La chance, tu la provoques, mais sur la durée, quand tu fais bien les choses, tu as que ce que tu mérites. Aujourd’hui, j'ai cinq titres. J'aurais pu en avoir dix. Si j'en avais eu zéro, je t'aurais dit : « Je n’ai pas eu de chance ». Mais à l'arrivée, j'en ai eu cinq sur onze. J'en ai perdu à la dernière minute. J'ai perdu aux penalties deux titres que j'ai encore en travers de la gorge, mais j'en ai aussi gagné aux penalties, donc ça s'équilibre. Comme sur une saison, quand on parle d'erreurs d'arbitrage ou de manque de chance, en général, tu as ce que tu mérites.

Les critères de sélection d’un joueur

Quand on est en sélection, on a cette chance. On veut les meilleurs aux postes. J'essaie de sélectionner les meilleurs, mais aussi par rapport à mon style de jeu et par rapport à ce que je vais demander. Je peux te parler d'un poste en priorité. Sur un 4-3-3, les deux numéros 8 auront envie d’avoir des joueurs de transition, capables de faire des courses dans les espaces et d’être box-to-box. L'avantage en sélection, c'est que tu peux piocher à chaque convocation selon le style que tu veux mettre en place. D’autres auront besoin de joueurs qui viennent chercher le ballon dans les pieds. Mais à ce moment là, tu te supprimes le fait d'aller dans la surface plus directement. Moi, par rapport à mon style de jeu, j'essaie d’avoir « dans ma caisse à outils » le plus de profils qui rentrent dans mon système et qui peuvent être différents parce qu'en cours de match, je peux aussi évoluer et changer. J'aime avoir sur le banc différents styles de joueurs. Des joueurs qui peuvent changer le cours du match par rapport à la tactique. Donc je peux avoir un joueur box-to-box comme un joueur de possession pour avoir l’opportunité de m’adapter par rapport à l’adversaire ou en fonction de la semaine de travail. C'est l'avantage de la sélection en général. Dans un club, tu as ton effectif pendant au moins six mois et tu ne peux pas changer. En sélection, tu as, avant chaque rassemblement, un mini-mercato. Tu peux prendre les joueurs qui te vont, les joueurs qui sont en forme. Parfois, tu as des joueurs en forme en janvier, on parle énormément d’eux et quand on fait la liste en mars, ils sont en baisse de forme. Et inversement. C’est l’avantage de la sélection.

Groupe élargi ou restreint ?

La vérité me fait dire qu'avec un groupe restreint, c'est toujours mieux. Tu as beaucoup moins d’egos à gérer pendant la semaine et le groupe se sent moins en danger pour travailler. Alors qu’avec un groupe élargi, quand tu fais tes oppositions, quand tu fais des jeux, que tu es obligé de mettre des joueurs de côté alors qu’ils sont titulaire dans leur club, ça crée toujours de la frustration. Je préfère donc avoir un groupe restreint, c’est plus tranquille pour le groupe et pour le staff aussi.

Le cas des binationaux

Le Maroc, on est vraiment une sélection spéciale. Les gens peuvent parler ou critiquer, la réalité, c’est que le Maroc est la sélection la plus difficile à gérer dans le monde. Moi, quand je coache, je coache des Marocains d’abord. C’est ce que je leur dis quand ils viennent. Je fais toutes mes causeries, d’abord, en Darija (arabe dialectal, ndlr). Même si ma Darija n’est pas parfaite. Je fais ça pour qu’on ait un socle commun, après, par le biais des traductions ou autre, on fait passer les messages. On a une double culture. On a une diaspora qui est partout dans le monde, contrairement à d'autres pays. Nous, on a des Marocains issus d'Espagne, de France, de Belgique, des Pays-Bas, d’Allemagne, d'Italie. Et dans les catégories de jeunes, on commence même à avoir des Marocains venant d'Angleterre. On a Sahraoui qui vient de Norvège. Et toute cette double culture, c'est une force, mais en même temps, chacun a sa culture propre. Alors oui, le socle est Marocain, mais ils ont quand même été éduqués différemment. Ils ont, chacun, grandi dans une mentalité qui est différente. Un Espagnol, ce n’est pas un Français, un Français, ce n’est pas Néerlandophone, un Italien, ce n’est pas un Norvégien. Et dans tout ça, moi, mon métier, c'est de leur faire comprendre que le Maroc est la priorité et qu'ils sont là pour défendre ce drapeau, peu importe d'où ils viennent. Le discours est différent quand tu parles à un Français, pareil, quand tu parles à un Espagnol. Quand tu parles à un Germano-Marocain, Franco-Marocain ou un Norvégo-Marocain, ce n’est pas pareil. Et je dois m'adapter avec mon staff à chaque moment. Mais l'avantage qu'on a, c'est que ce qui les rassemble tous, c'est l'amour du pays, l’amour de leur famille et de leurs origines. Et ça, c'est extraordinaire à gérer pour un coach parce que c'est la plus belle des expériences.

Ses inspirations

J’ai suivi beaucoup de coachs. Au début, j’ai, comme beaucoup de jeunes entraîneurs, suivi la mode Bielsa. C'était une légende, pas urbaine, mais j'ai envie de dire urbaine. On nous a bien vendu Bielsa. J'ai mangé des livres, j'ai vu beaucoup de matchs de Bielsa. J’ai connu la période Pep durant mon passage au FUS, donc c’était tout pour la possession, garder le ballon quoiqu'il arrive, repasser par le gardien. Je me suis ensuite adapté. J'ai vite compris que le meilleur entraîneur était celui qui s'adaptait. Rester enfermé dans un style, ce n’était pas bon pour mon métier d'entraîneur. Il fallait que je m'adapte. Il fallait que je sois bon. Il fallait que je pique un peu de tout le monde. Donc aujourd'hui, je suis un peu un voleur d'idées, je suis un Arsène Lupin du football.Je prends à tout le monde.  Et par rapport à l'effectif que j’ai, par rapport à mes objectifs, je sais m'adapter, je sais ce que je veux. Par exemple, lors des derniers matchs, j’ai pu prouver que lorsque j'ai le matériel à disposition, on est capable de mettre des buts. Quand, au Mondial, j'ai estimé que je n'avais pas le matériel, on a su défendre. Et on a voulu me poser l'étiquette d’un style à la Simeone. On est une des meilleures attaques d'Afrique aujourd’hui, j’ai donc su m’adapter. C’est ma plus grande fierté en tant que coach. J'ai su m'adapter au Wydad quand on n'a pas pu recruter, quand je n'avais pas les joueurs à disposition, quand on était interdit de recrutement. J'ai su m'adapter au FUS quand on a vendu mes meilleurs joueurs. Je suis un coach qui s’adapte. C’est un peu mon style, j'aime voir ce qui se fait ailleurs, j’observe. Ce qui est bien dans mon métier de sélectionneur, c'est que j'ai la chance d'aller voir beaucoup de matchs. Aujourd'hui, je suis très attentif à ce que fait Pep Guardiola avec City, voir comment il va s'adapter, comment il va réagir par rapport à ses résultats.  C'est là que tout le monde attend Pep. Et comme selon moi c'est le meilleur entraîneur, je suis persuadé qu'il va s'en sortir. Mais j'aime le voir dans cette posture parce que c'est une posture que nous, les entraîneurs normaux, on a beaucoup vécu. Et voir qu'il est un entraîneur normal, même si c'est un court laps de temps, ça ne me rend pas heureux, car on est jamais heureux pour un collègue en difficulté, ça m’intrigue. J’ai hâte de voir comment il va réagir et je suis sûr qu'il va réagir.

La nouvelle génération réputée ingérable

L'entraîneur de demain, il doit être autant inflexible que flexible. Il doit être autant manager qu'entraîneur. Et il doit se faire accompagner par un staff qui va l'aider à prendre les bonnes décisions. Il doit, à chaque fois, pouvoir s’adapter et changer. Tu me demandais par rapport à mon style de jeu, je pense que l'entraîneur du futur doit pouvoir s'adapter. Avant, il devait s’adapter chaque saison. Dans le football du futur, il faudra évoluer pratiquement tous les quinze jours. Il faudra pouvoir adapter son discours, sa tactique et son management. Et tout seul, il ne s’en sortira pas. Il faudra qu'il soit accompagné par un bon staff. Pourquoi ne pas renouveler à chaque fois tout ce qu'il y a autour de lui pour créer un environnement différent pour ses joueurs ? Car les joueurs de demain voudront, à chaque fois, voir un environnement différent et des choses différentes. Donc l'entraineur de demain devra être différent. Oui, on ne parle pas de la même manière à un ancien et à un jeune. C'est pour ça que je dis qu'il faudra s'adapter à chaque fois et à chaque joueur. Et à chaque groupe aussi. Il faudra leur proposer, à chaque fois, des choses différentes pour pouvoir être performant et pouvoir durer. Car pour être un grand entraîneur, il faut durer. Et donc, si on veut durer, l'entraîneur de demain va devoir s’adapter constamment.

Propos recueillis par Rafik Youcef à Rabat, au Maroc

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