Foot National
·4 July 2025
Ligue 1 : les objectifs ambitieux de la LFP pour sa nouvelle chaîne

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·4 July 2025
Avec le lancement de sa propre plateforme de diffusion, la LFP mise sur un plan de développement à long terme, espérant générer jusqu’à 470 millions d’euros de revenus annuels d’ici 2029. Un pari audacieux mais vital pour l’avenir du football français.
C’est un tournant historique pour la Ligue 1. Depuis le 2 juillet, la Ligue de Football Professionnel (LFP) a officiellement lancé sa propre chaîne de diffusion, une plateforme TV et digitale entièrement dédiée au championnat, baptisée Ligue 1 Max. Après les déboires successifs avec Mediapro, Amazon ou encore DAZN, la LFP reprend le contrôle de son produit phare, avec un objectif clair : construire un modèle économique stable, autonome, et rentable. Derrière cette initiative se cache une ambition colossale. Dirigée par Nicolas de Tavernost, la filiale LFP Media s’est dotée d’un business plan précis, étalé sur plusieurs saisons. Dès cette rentrée 2025, la chaîne diffusera huit matchs sur neuf à chaque journée, pour un tarif fixé à 14,99 euros par mois avec engagement. Une offre à 9,99 euros est prévue pour les moins de 26 ans, afin d’attirer le public jeune, mobile et friand de streaming.
Les projections sont claires, selon les informations de L'Équipe : 1,1 à 1,2 million d’abonnés visés dès la première année pour 151 millions d’euros de recettes. Puis une montée en puissance rapide : 1,5 million d’abonnés pour 320 M€ de revenus en 2026-2027, 2 millions pour 407 M€ en 2027-2028, et enfin 2,15 millions d’abonnés en 2028-2029 pour 470 M€ de recettes annuelles. Un cap que la LFP juge atteignable, à condition de tenir ses promesses techniques, marketing et sportives. Cette progression repose aussi sur une évolution du produit. Dès la saison 2026-2027, la plateforme devrait récupérer le neuvième match de la journée, aujourd’hui détenu par beIN Sports. Une étape clé, puisque cela permettrait de proposer l’intégralité des matchs chaque week-end — un argument commercial de poids. En revanche, la LFP devra compenser la perte des 78,5 millions d’euros versés annuellement par la chaîne qatarie. Si les prévisions font rêver, la réalité financière reste plus nuancée. Selon les documents internes révélés par L’Équipe, les droits audiovisuels domestiques pourraient rapporter 354,5 M€ bruts dès 2025-2026. Mais une fois les 66 millions d’euros de coûts de production et de fonctionnement déduits, le revenu net tomberait à 288,5 M€. Et encore, sans prendre en compte les charges annexes comme le remboursement du fonds CVC, auquel la LFP doit encore verser une partie de ses recettes.
La marge de manœuvre est donc étroite. Nicolas de Tavernost lui-même a reconnu que les deux prochaines saisons seraient "difficiles". Le succès de la chaîne dépendra de sa capacité à convaincre dès le lancement, à fidéliser les abonnés, et à séduire des sponsors grâce à une audience en croissance constante. L’enjeu dépasse le simple cadre financier. En créant sa propre plateforme, la LFP entend bâtir un cercle vertueux : plus d’abonnés, donc plus de recettes, donc plus de soutien financier pour les clubs, et in fine un championnat plus compétitif. À terme, la Ligue 1 espère ainsi retrouver une attractivité suffisante pour rivaliser à nouveau avec les grandes ligues européennes. Mais ce modèle made in France n’a rien d’une sinécure. Il faudra convaincre un public déçu, lutter contre le piratage, assurer une qualité de diffusion irréprochable et proposer du contenu enrichi : résumés, analyses, interviews, émissions. Bref, ne pas seulement montrer des matchs, mais créer une vraie expérience autour de la Ligue 1.
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