Les histoires d’amour finissent mal (en général) | OneFootball

Wissam Ben Yedder est devenu à la fin de cette saison le deuxième buteur de l’Histoire de l’AS Monaco. Avec 118 buts, il est certes derrière l’inapprochable Dellio Onnis (193), mais devance des pointures comme Lucien Cossou, Radamel Falcao et Victor Ikpeba. Une récompense pour un joueur qui a également su montrer l’attachement qu’il porte au maillot rouge et blanc depuis 2019.

Doté d’une technique fine et sûre développée en futsal, il est, depuis cinq ans, l’attaquant que tous les clubs aiment avoir dans leur équipe : un buteur régulier à l’efficacité létale. Depuis 2012/13 à Toulouse, puis à Séville et Monaco, il n’a jamais marqué moins de 15 buts au cours d’une saison. Peu d’attaquants en Europe peuvent se vanter d’une telle longévité. A une époque où les exploits sans lendemain, les coupes de cheveux extravagantes et les tenues vestimentaires improbables sont surexposés, notre numéro 10 incarne le joueur de football qui fait bien ce pour quoi il est payé : jouer, marquer des buts et bien représenter son club. C’est la raison pour laquelle il a laissé un bon souvenir dans ses anciens clubs. J’ai toujours été frappé par les chaleureux applaudissements que notre buteur recevait lorsque Monaco jouait contre Toulouse. Il en sera de même pour les supporters monégasques. Wissam, nous t’aimons !

Les histoires d’amour finissant mal (en général), je crois qu’il est néanmoins l’heure de se séparer. Avant de faire l’année de trop et pour viser plus haut.

Ses statistiques de la saison 2023/24, certes satisfaisantes, sont en trompe-l’œil : elles masquent une efficacité qui m’a paru nettement baisser cette année. Son piqué n’est plus aussi efficace et, bien des fois, il m’a paru emprunté et pataud. En championnat de France, il n’a marqué qu’à l’occasion de douze rencontres, à peine un match sur trois. De plus, il n’a pas pesé lors des matchs importants contre des équipes du Top 5 : aucun but contre Paris, Brest, Lille et Lens. Il a mis des buts contre Clermont, Toulouse, Nantes…et contre Rodez en Coupe de France. Un beau doublé contre Lyon, mais malheureusement inutile. Il est incontestable que Wissam ne nous a pas fait gagner un match décisif cette année.

L’AS Monaco doit gagner des titres. Le club a remporté un titre de Champion de France au moins une fois dans chaque décennie depuis 1961. Les années 2020 sont encore vierges ; il ne reste que cinq ans pour perpétuer cette belle tradition. Le club n’a jamais été un club glouton enchainant les trophées, mais un gourmet : chaque titre à sa propre histoire, ses héros et ses souvenirs. Aujourd’hui face à un club dopé aux pétrodollars quatariens, la tâche est immense. Il n’y a que deux options : avoir une équipe touchée par la grâce (cf 2017) ou profiter d’une saison moins aboutie du PSG (cf Lille en 2021). L’année prochaine offre une ouverture : l’équipe parisienne sera plus vulnérable sans Mbappé. Mais l’AS Monaco n’offre pas de garanties suffisantes pour pouvoir en profiter : le club doit prendre des risques et affiner l’équilibre général de l’équipe en choisissant des profils plus complémentaires. Avec un renfort bien ciblé en défense, un autre au milieu et le remplacement de Wissam par un profil plus dynamique et percutant, le club se dotera d’une équipe capable de conquérir le titre pour le centenaire du club. Le recrutement de joueurs de football n’est pas une science exacte et le succès n’est pas garanti, mais nous ne devons pas nous contenter de peu : le club doit se donner une chance d’atteindre les étoiles.

Même si Wissam Ben Yedder est désormais un joueur historique de l’AS Monaco, notre attachement au club et notre ambition doivent aujourd’hui l’emporter sur notre affection pour lui. Le club n’a pas toujours su célébrer le départ de ses valeureux anciens. Andrea Raggi et Nabil Dirar auraient ainsi mérité un hommage et des remerciements plus appuyés de la part du club. Pour Wissam, le club et les supporters devront le célébrer à sa juste mesure.

Photo : @antoinegutowski