« J’aurais dû gagner la Champions League, mais l’ASSE, c’est déjà pas mal ! » | OneFootball

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·1 July 2024

« J’aurais dû gagner la Champions League, mais l’ASSE, c’est déjà pas mal ! »

Article image:« J’aurais dû gagner la Champions League, mais l’ASSE, c’est déjà pas mal ! »

Lubomir Moravcik, né le 22 juin 1965 à Nitra, en Slovaquie, a ravi les supporters Stéphanois dans les années 90. Connu pour sa technique et sa vision du jeu, il a marqué les esprits et laissé une empreinte indélébile dans le Forez. Il revient sur ses débuts, son passage à l’ASSE, ses expériences internationales et les moments marquants de sa carrière dans un entretien accordé à Actu Sainté.

Moravcik, du Mondial 90 à l’ASSE…

En 1990, la Tchéquoslovaquie joue le Mondial en Italie et est éliminée en quart de finale face à la RFA (1-0). Lubomir Moravcik se souvient :


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« C’était une période intense. L’équipe allemande était très forte, avec des joueurs comme Matthäus et Klinsmann. Nous espérions pouvoir les battre, mais ils ont finalement remporté le match sur un penalty. J’ai été expulsé à cause d’un second carton jaune, et je n’ai pas pu voir la fin du match. Malgré tout, cette Coupe du Monde a été révélatrice pour nous, et de nombreux joueurs ont été repérés par des clubs étrangers. »

Moravcik, approché par les dirigeants stéphanois avant le Mondial, évoque sa signature à l’ASSE : « Bernard Bosquier et Anton Ondrus m’ont approché avant le match de quart de finale. Nous nous sommes rencontrés à Como, en Italie. Ondrus, ancien capitaine de l’équipe tchécoslovaque et bien connu en France, a servi d’interprète. J’ai signé officiellement après la Coupe du Monde, mais tout était déjà décidé avant. À l’époque, sans Internet, les informations circulaient moins vite. Anton Ondrus m’a présenté une offre sûre et sérieuse de Saint-Étienne. J’étais déjà content d’avoir cette opportunité et je n’ai pas cherché d’autres options. L’histoire du club, avec des joueurs comme Michel Platini, m’a aussi beaucoup influencé. »

Le tournant de sa carrière : la demi-finale de coupe de France 93 !

« L’adaptation a été relativement facile. Le football est universel, et sur le terrain, il suffit de jouer. Les joueurs et les entraîneurs étaient très accueillants. Je me suis rapidement intégré, même si les résultats n’étaient pas toujours au rendez-vous. J’ai toujours cherché à m’amuser et à faire plaisir au public. Il y a beaucoup d’actions dont je suis fier. Récemment, j’ai vu des vidéos sur YouTube de mes années à Saint-Étienne, et cela m’a rappelé de bons souvenirs. J’aime le football spectaculaire, et c’est toujours gratifiant de revoir ces moments. »

En 1993, l’ASSE se hisse en demi-finale de coupe de France face à Nantes. Un match qui a laissé de gros regrets à Moravcik, comme à tous les supporters à l’époque :

« Cette demi-finale est un tournant dans ma carrière. Si nous avions gagné, cela aurait pu changer beaucoup de choses pour le club et pour moi. Nous n’étions pas loin de la victoire, mais la malchance nous a coûté cher. C’est un regret, car nous avions le potentiel pour aller plus loin. »

Son leitmotiv : donner du plaisir… et en prendre !

Pas de quoi ternir les souvenirs du maître à jouer stéphanois : « Ce sont des années remplies de bons souvenirs et de quelques regrets. J’ai aimé chaque moment sur le terrain et j’ai toujours cherché à offrir un football spectaculaire. Malgré quelques déceptions, jouer à Saint-Étienne a été une expérience formidable, et j’en garde de très bons souvenirs. Tu sais, dès le moment où j’ai commencé à jouer en première division en Slovaquie, je suis devenu un joueur que les gens aimaient voir. Les joueurs comme moi, capables de créer des situations, dribbler, frapper, centrer, préparer. Depuis que j’ai commencé à jouer à Nitra, les gens disaient qu’ils allaient voir Moravcik aujourd’hui. Ça m’a suivi presque toute ma carrière, à Saint-Étienne, Bastia, puis au Celtic. Les gens ont toujours aimé voir Moravcik jouer. C’était ma fierté. J’avais une relation spéciale avec les supporters. Ils appréciaient ce que je faisais, et moi, j’étais heureux qu’ils apprécient. »

« C’était Rodez, en deuxième division, et l’atmosphère était folle ! »

« J’avais une relation avec les gens en dehors du terrain aussi. Ils m’ont expliqué comment c’était pendant les grandes époques. Les supporters étaient partout en France. Saint-Étienne, c’est un club iconique, aimé partout, pas seulement par les Stéphanois. C’est pour ça que ce club est spécial, tout le temps. Avant moi, après moi, ça sera toujours le cas. Moi, j’étais au match contre Rodez. Pas celui où on a gagné 2-0 mais où on a fait match nul. C’était extraordinaire. Je ne pense pas qu’on avait cette ambiance à notre époque. Peut-être pour les grands matchs contre Marseille, contre Lyon, mais là, c’était Rodez en deuxième division et l’atmosphère était folle. J’étais content mais aussi surpris. Dans les tribunes, c’était extraordinaire. Je pense que si sur le terrain, on est comme dans les tribunes, on est des champions. »

St-Etienne plutôt que les plus grands clubs d’Europe pour Moravcik ?

Devenu une icône à St-Etienne, Lubomir Moravcik a attiré l’œil des plus grands clubs comme l’OM ou l’AJ Auxerre. Pourtant, il n’est jamais parti. Il explique pourquoi :

« Les transferts n’étaient pas aussi grands qu’aujourd’hui. Je pense qu’il (ndlr : André Laurent, président de l’ASSE de l’époque) était capable de donner 20 millions de francs français à l’époque, ce qui n’était pas énorme par rapport aux besoins du club. Si c’était 200 millions, peut-être, c’est deux ans de budget à cette époque. Mais c’était 20 millions, ce que le président pouvait trouver. Il avait des projets pour que je reste et qu’on joue avec moi. Ensuite, j’étais sous contrat. Et puis, il m’avait offert un contrat pareil à celui de Marseille. Pourquoi partir ? J’étais content à Saint-Étienne, ma famille était contente. Le public m’aimait, le président était content, tout l’environnement autour de moi était favorable. Je n’avais pas de raison de partir. J’étais très content de rester à Saint-Étienne. C’est la vie. On ne peut pas tout avoir. On ne peut pas avoir le public derrière et ensuite partir. Aujourd’hui, après 30 ans, je me dis que peut-être, j’aurais dû gagner la Champions League, mais jouer à Saint-Étienne, c’est déjà pas mal. »

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