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·17 July 2025
EXCLU - Alan Virginius : « Je ne me préoccupe pas ce que les gens disent »

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·17 July 2025
Grand espoir du football français à ses débuts avec le FC Sochaux-Montbéliard, rapidement recruté par Lille, Alan Virginius n’a pas encore répondu aux immenses attentes placés en lui. À 22 ans, le natif de Sois-sous-Montmorency, prêté aux Young Boys Berne, a bien l’intention de lancer sa carrière et pourquoi pas d’exaucer son rêve de jouer au Real Madrid. Focus en six étapes clés de sa vie.
Voici quelques extraits de notre interview de Alan Virginius. L’intégralité de cet interview de 6 pages est à retrouver dans le magazine n°372 de Onze Mondial disponible en kiosque et sur notre eshop depuis le 14 mai 2025.
JEUNESSE
Est-ce que tu peux me parler de ta jeunesse ?
J’ai commencé le foot à 5-6 ans, du côté de Soisy. J’ai fait mes classes là-bas jusqu’à l’âge de 12-13 ans, puis j’ai intégré l’INF Clairefontaine. J’ai passé deux ans là-bas. Je restais la semaine, du lundi au vendredi, sur place, et je rentrais le week-end pour jouer des matchs avec mon club. La première année, j’étais encore avec Soisy. La deuxième année, je suis parti à Sannois pour entre guillemets me préparer pour le centre parce que j’avais déjà signé à Sochaux. En 2018, je rejoins donc le centre de formation de Sochaux.
Comment le foot est venu à toi ?
Par le biais de mon père. Il n’était pas pro, mais il jouait souvent au foot avec ses amis. Après, je m’y suis intéressé par moi-même, je regardais des vidéos de Cristiano, ça m’a donné envie. L’inspiration et l’envie de jouer au football viennent aussi de là. Quand j’étais à Sochaux, j’ai fait mes classes en U17, U19, puis j’ai signé pro sans passer par la case réserve.
Tu étais comment à l’école ?
J’étais calme, tranquille, vraiment pas turbulent. En revanche, les notes, c’était plus compliqué, mais je m’accrochais. J’avais souvent le moyenne. En tout cas, je ne ramenais pas de problèmes à la maison (sourire).
Tu as une anecdote marquante ?
(Il réfléchit). Je sais que j’avais un ballon en mousse à la maison et ça m’arrivait de tirer un peu partout. Ça frustrait ma mère parce que ça crée un peu le bazar.
FOOT AMATEUR
Tu as pris ta première licence à 6 ans, à Soisy-Andilly-Margency. Quels souvenirs tu en gardes ?
Un très bon souvenir. Je remercie aussi tous les coachs que j’ai pu avoir parce qu’ils m’ont tous apporté quelque chose. Un souvenir de plaisir, de partage. C’était comme une famille, comme des frères. Jusqu’à présent, j’ai encore des contacts avec certains.
C’est le club où tu as passé le plus d’années. C’est rare dans le foot moderne où les gamins changent de club régulièrement… C’est lié à quoi ?
En vrai, la meilleure amie de ma mère habitait à Soisy alors que nous habitions à Franconville à ce moment-là, on n’avait pas encore déménagé. Et c’est cette dame qui lui a dit qu’il y avait un club à Soisy. D’ailleurs, son fils jouait déjà à Soisy. Elle lui a conseillé de m’inscrire là-bas et ma mère l’a écoutée. C’est comme ça que je suis retrouvé à Soisy. Avant d’emménager à Soisy, je restais parfois chez l’amie de ma mère, ça me permettait d’éviter le trajet.
En 2017, tu choisis l’Entente SSG. Pourquoi ?
À l’époque, Soisy évoluait en U15 DHR tandis que l’Entente jouait en DH, du coup, il y avait un niveau d’écart. Mon choix s’est basé sur le sportif pour entre guillemets préparer au mieux mon entrée en centre de formation à Sochaux.
À quel moment tu t’es dit que tu allais faire une carrière pro ?
Le déclic s’est produit avant de rejoindre l’INF. Tu rentres dans l’institution national du football, tu vois des installations, tu vois l’équipe de France, tu aperçois des joueurs que tu voyais à la télé. Forcément, c’est à ce moment-là le déclic. Au départ, j’étais insouciant. Je ne me disais pas : « Je commence le foot pour devenir footballeur professionnel ». C’était juste du plaisir et faire ce que j’aime.
Du coup, c’était quoi le plan B ?
Je n’ai jamais eu de plan B. On m’a déjà posé la question, je n’avais rien préparé. Je faisais ce qu’il y avait à faire en étant sûr que c’était là-dedans qu’il fallait que j’aille.
SOCHAUX
Les choses sérieuses commencent lorsque tu rejoins le centre de formation de Sochaux. Ça s’est opéré comment ?
C’est un recruteur de Sochaux, Frédéric, qui était venu me voir en match. Je me rappelle qu’après un match, il parlait avec mon père, puis il est venu discuter avec moi dans le vestiaire. Il voulait que j’aille faire un test à Sochaux. Ça s’est opéré comme ça.
Comment était la vie au centre de formation ?
C’était bien parce que tout était au centre, que ce soit le foot ou l’école. C’est comme un cocon, tu ne peux que rester concentré, tu ne peux pas être distrait par les choses en dehors. Tu es obligé d’être focus sur le foot et l’école. Au fur et à mesure, tu crées des relations de fraternité avec les joueurs, c’est un club familial où tout le monde est soudé et tout le monde s’entraide.
Ce sont tes frères mais aussi tes concurrents. Comment fait-on pour sortir du lot au centre ?
C’était une concurrence saine. Il n’y avait pas de coups par derrière, chacun jouait son football, on prenait du plaisir aux entraînements, on se donnait à fond. Après, forcément, il y a toujours cette partie de concurrence où on veut être meilleur que l’autre, mais c’était toujours sain.
Tu as une anecdote marquante sur le centre de formation ?
Quand j’étais au centre, c’était calme. Je sais que les années d’avant, c’était un peu agité. Mais les dirigeants ont remis de l’ordre, du coup, tout le monde se tenait à carreau.
En juillet 2020, tu signes ton premier contrat pro, deux mois après, tu débutes contre Rodez, en L2. Tu ressens quoi lors de ces deux moments ?
Déjà, c’était assez particulier parce que j’ai signé à 17 ans, et en général, à 17 ans, tu n’as pas encore fini l’école. Ça veut dire que c’est spécial parce que je quittais parfois les cours pour aller aux entraînements et au niveau de l’école, c’était un peu compliqué. En vrai, je suis quelqu’un qui ne réalise pas trop les choses. Quand tu signes à 17 ans, deux mois après tu effectues ta première apparition, bah je ne m’en rendais pas compte. Sur le terrain, je faisais tout de manière forte : des passes appuyées, des centres puissants… C’était l’adrénaline qui était présente.
Le contrat pro, on en parle beaucoup entre jeunes dans les centres de formation. C’était important à tes yeux ou tu n’y accordais pas une réelle attention ?
Si, forcément, j’étais content, mais vu que je suis quelqu’un qui ne réalise pas trop les choses, j’avais ce côté détaché. Je sais que d’autres à ma place auraient souhaité de joie ou auraient pleuré. Moi, j’étais juste content et je poursuivais ma route.
Tu évolues avec Sochaux durant deux saisons et tu deviens rapidement un titulaire. Mais très vite, tu souhaites quitter le club. Pourquoi ?
J’ai disputé l’Euro U19 et j’ai réalisé une belle compétitions. Il y a des opportunités qui s’offraient à moi. J’ai saisi ce moment-là. Passer de la Ligue 2 à la Ligue 1, ça ne se refusait pas. Comme on dit parfois, quand il y a le train, il faut le prendre parce que ce n’est pas sûr qu’il repasse une deuxième fois. À ce moment-là, je me suis dit « go ».
Ça s’est fait en douceur avec Sochaux ?
Oui, ça s’est bien fait. Il n’y a pas eu de prise de tête.
LILLE
Tu t’engages avec Lille à l’été 2022. Pour ton premier match en Ligue 1, tu croises la route du PSG du trident Messi-Mbappé-Neymar avec une déroute 7-1 à la clé. T’y repenses parfois ?
Oui, j’y repense. Je me rappelle que mon premier entraînement avait lieu un mercredi et le match était dimanche. C’était assez court, mais je me suis retrouvé dans le groupe. J’ai joué quand même, j’ai disputé une trentaine de minutes. Quand tu es sur le banc, tu te dis : « Je vais jouer contre Messi, Neymar, Mbappé ». C’est seulement à ce moment-là que tu peux réaliser les choses, car une fois sur le terrain, tu ne calcules pas. C’est plus avant et après que tu mesures.
À quel point c’était dur ? Quand tu rentres, tu es content ou tu te dis que c’est un bourbier ?
(Rires). Un peu des deux. Forcément, il y a une part de bourbier, mais quand je suis rentré, j’étais dans l’optique de faire ce que je devais faire. On perdait déjà sur un score lourd, donc il n’y avait rien à perdre.
Est-ce qu’on peut prendre du plaisir dans ces moments-là ?
Moi, honnêtement, j’en ai pris.
Malgré ta patience, tu as très peu joué au LOSC : 23 apparitions, 3 titularisations et 446 minutes. Pourquoi selon toi ?
Quand je suis arrivé, j’ai fait une erreur, c’était de ne pas m’être mis dans la tête que je devais directement prouver. Dans ma tête, j’avais un contrat à long terme et j’allais avoir le temps de m’adapter, de faire des choses. En fait, il fallait des résultats directement et ça n’a pas facilité les choses.
Est-ce que l’étiquette de grand espoir que tu portais sur les épaules a pu te desservir par moments ?
Non. Tout ce qui se disait autour de moi, je ne calculais pas trop. J’entendais, mais je n’y accordais pas d’importance.
Quelle relation entretenais-tu avec Paulo Fonseca ?
On ne se parlait pas trop. C’était un bon coach parce qu’il apportait un niveau tactique que je n’avais jamais vu. J’ai appris à ce niveau-là, mais on a peu échangé directement.
As-tu été surpris par la forte concurrence au LOSC ?
Il y avait beaucoup de joueurs, après, je ne pouvais pas être surpris parce que je savais où je mettais les pieds en signant là-bas. Ce qui m’intéressait, c’était l’expérience que je prenais. Tu avais beaucoup de joueurs techniques. Moi, je venais de Ligue 2 et je voyais la qualité technique, la vitesse d’exécution. Je n’ai pu que apprendre des joueurs avec qui j’ai été.
Quel bilan tires-tu de tes 18 mois au LOSC ?
Comme je l’ai dit, j’ai appris des choses, que ce soit au niveau tactique ou technique, et même au niveau de la discipline et de l’exigence. Lille, c’est un grand club français, ça ne peut que te forger. Tu ne peux que remplir ton sac, prendre ce qu’il y a à prendre et avancer.
CLERMONT
En janvier 2024, tu files à Clermont en prêt sans plus de réussite avec 15 matchs et 0 but. Comment expliques-tu ces difficultés ?
Clermont, ça m’a permis d’avoir une porte de sortie, de respirer un nouvel air. Il fallait plus que je joue plutôt que je marque. J’étais préoccupé d’abord par le fait d’obtenir du temps. J’avais besoin de ça, de jouer, de retrouver une certaine confiance. Je pense que la confiance, c’est ce qui fait tout pour un joueur. Ça m’a permis de retrouver au moins cette confiance.
La situation du club, relégable, ça ne t’a pas aidé non plus, je suppose ?
Non, ça ne m’a pas aidé, mais quand on était dans le vestiaire, entre nous, ce n’est pas quelque chose qui nous prenait trop la tête. On donnait ce qu’on avait à donner et parfois, on a fait de très bons matchs contre de bonnes équipes en plus. Donc j’ai pris du plaisir.
Pourquoi ne pas être resté en Ligue 2 pour redémarrer en-dessous ?
J’étais seulement prêté, donc je suis retourné à Lille, surtout que j’avais d’autres propositions et je ne me voyais pas rester en Ligue 2.
Que retiens-tu du championnat de France qui est souvent décrié ?
C’est un bon championnat avec de bonnes équipes. Chaque année, les équipes se renforcent, à l’image de Brest qu’on a pu apprécier en Ligue des Champions. Il y a un bon niveau en France. Après, si l’on compare à l’Allemagne qui est plutôt un championnat ouvert, la France est plus un championnat tactique. Et la tactique fait pas mal de choses dans les matchs.
YOUNG BOYS BERNE
L’été dernier, tu as atterri aux Young Boys. Pourquoi la Suisse ?
C’était une porte à l’étranger et j’avais envie de découvrir autre chose, savoir comment ça allait se passer à l’étranger parce que c’est la première fois. J’ai entendu de bonnes choses sur les Young Boys, en sachant qu’il participait à la Champions League et qu’il a été plusieurs fois champion de Suisse. Je me suis dit : « Pourquoi pas ? ».
Que réponds-tu aux gens qui disent que tu n’as pas répondu aux attentes ?
Je ne me préoccupe pas de ce que les gens disent. C’est leur avis. Moi, j’avance à mon rythme et je sais de quoi je suis capable.
Pour la première fois depuis Sochaux, on a l’impression que tu as retrouvé du plaisir. On se trompe ?
Non ! Je suis vraiment bien dans cet environnement, je me sens apaisé et en confiance. Je pense que ça s’est vu lorsque je suis arrivé. J’ai enchaîné les matchs, j’ai marqué des buts, clairement, je me sens épanoui.
L’effectif est très cosmopolite avec pas mal de francophones. Ça a joué dans ton intégration ?
Oui parce qu’avant de signer, je connaissais déjà deux joueurs avec qui j’évoluais en sélection de jeunes : Jaouen Hadjam et Tanguy Zoukrou. Je leur ai posé la question pour savoir comment c’était et ils m’en ont ressorti que du positif. Ça aussi, ça m’a aidé à venir ici et à m’adapter.
Tu as joué la Ligue des Champions en début de saison, ça procure quelle sensation ?
C’est un rêve parce que j’ai marqué entre guillemets le but de la qualification même si on gagnait déjà. C’était plus qu’un rêve. Jouer la Ligue des Champions, tout le monde en rêve quand il est gamin. La petite musique… c’était une expérience à vivre.
Tu te vois poursuivre longtemps en Suisse ou tu te dis que c’est seulement une étape ?
Pour l’instant, je me dis que c’est une étape même si je me sens bien aux Young Boys. Je me dis que c’est un tremplin. Et je sais que le club pourrait m’aider et moi aussi l’aider, à travers les performances que je pourrais faire, à atteindre les objectifs.
PERSONNALITÉ
Qui est vraiment Alan Virginius ?
Avant, timide et réservé, qui ne parle pas trop. Maintenant, au fur et à mesure que je grandis, je dirais plutôt mature, posé, tranquille dans son coin et qui sait apporter la bonne humeur. J’aime rigoler avec tout le monde. Je suis humble aussi parce que c’est important de garder la tête sur les épaules.
Il se situe où dans sa carrière ?
Il est au milieu. Il n’est pas arrivé, mais il sait où il veut aller.
Comment on fait pour résister aux tentations comme les filles, les sorties, la mauvaise nourriture ?
Je pense que ça doit venir de toi. Être conscient qu’il faut bien dormir, bien manger, bien s’hydrater, ça va t’apporter quelque chose sur le terrain. Si tu ne fais pas ça bien, forcément, sur le terrain, tu seras moins performant. Pour y parvenir, il y a l’aide de la famille. Actuellement, il y a mon père avec moi, en Suisse, il m’aide sur ça, ça me permet d’être performant sur le terrain.
Est-ce que tu as encore des rêves ?
Oui, jouer au Real Madrid ! C’est de ça dont je rêve depuis que je suis petit.
Tu penses y arriver ?
Oui, je suis confiant. Depuis petit, j’aime ce club. Je me souviens d’une photo quand j’étais petit avec un maillot du Real Madrid et le nom de Cristiano derrière.
Si tu pouvais avoir un super pouvoir, ce serait lequel ?
En vrai, je suis bien comme ça, mais si je devais choisir une chose, je dirais lire dans les pensées.
Si tu étais journaliste, tu poserais quelle question à Alan Virginius ?
Wawwww. Aucune idée. Joker.
As-tu une expression ou une phrase favorite ?
Celle de ma mère : « Tout donner pour ne rien regretter ». Et celle de mon père : « Le jour où tu cesseras d’être bon, tu cesseras d’être le meilleur ».
Quelle note tu te mets pour cette interview ?
10 sur 10 ! Ça va, j’ai été à l’aise.
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