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·25 June 2024

ENTRETIEN / Romain Salin (CPB Bréquigny) : « Je voulais me challenger »

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À bientôt 40 ans, Romain Salin a bouclé il y a quelques semaines une saison commencée au Portugal et terminée à Fougères en N3, un an après son départ du Stade rennais. L'année (…)

Comment as-tu vécu ces derniers mois ponctués de plusieurs expériences ?


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Arrêter en 2023 n’était pas forcément prévu. Je m’étais engagé à Maritimo Funchal pour une saison. L’objectif était de retrouver la première division, et je suis dégouté car les gars la manquent de peu en terminant 4e. Je suis très frustré pour eux, et de les avoir abandonné en début de saison. Mais c’était familial, je ne me voyais pas continuer avec ce qu’il s’était passé avec la tentative de cambriolage chez moi. Début septembre, c’était un peu le vide. L’idée était de raccrocher les crampons, mais quand j’ai eu l’opportunité (de Fougères), je trouvais ça très bien pour le futur d’avoir une expérience en club amateur, comprendre son fonctionnement. Être plus dans l’éducatif que dans le directif, être obligé de faire des concessions par moment pour faire plaisir car les mecs bossent, avoir cette compréhension là. Ça a été une bonne expérience. Je n’ai pas joué beaucoup car j’ai pris un carton rouge qui m’a mis une suspension sur les 5 derniers matchs (rires). L’idée était que le club se maintienne, ça a été le cas. Il y avait peut-être l’idée ensuite de refaire une saison en tant que joueur, le club m’avait proposé de devenir en même temps entraineur adjoint du coach principal. Mais je voulais me challenger aussi, j’ai eu cette opportunité au CPB Bréquigny, l’entraineur arrêtait, la direction changeait. Ils m’ont rencontré plusieurs fois, j’ai trouvé que ça pouvait être un projet sympa de reprendre tout de suite une équipe de R1, c’est le niveau maximum que je peux prendre en faisant le BEF. Je me suis positionné rapidement pour prendre les adultes plutôt que les jeunes.

Je veux avoir un feedback plus rapide, je ne veux pas qu’il y ait l’autorité. La carrière ne va pas jouer car si ça ne leur plait pas, ils vont me le dire ou je vais le sentir. C’est mon avis, mais je trouve qu’avec les jeunes il y a le côté autorité qui se fait plus naturellement, ils n’osent pas dire ce qu’ils pensent. Je voulais me mettre dans le dur.

Je serai le coach de l’équipe principale du CPB Bréquigny. Je fais le recrutement également, je suis en plein dedans. J’ai la chance d’avoir aussi des gens qui sont dedans depuis un moment, avec Stéphane Lepaisant et Benoît Auréart. Je suis accompagné, et j’en ai besoin. Je suis quelqu’un de communicant mais je me remets toujours en question. J’ai pas mal d’idées mais le plus dur va être de bien me structurer, me former, être prêt. C’est pour ça que j’ai pris ce poste. J’ai aussi cette double culture avec mes 8 ans au Portugal et mes 10 ans en France. Je me suis dit prenons cette équipe, et voyons où on en est dans un an ou deux, savoir si ça me plait. J’aurai le recul de savoir si c’est pour être numéro 1 dans un club amateur et plus si affinités, ou repasser dans un staff, ou se spécialiser sur le poste de gardien. Il n’y a pas forcément de plan, c’est du feeling.

Tu as également déjà entraîné en foot loisir avec l’USPG…

Oui, c’est différent, il n’y avait pas d’entrainement. Mais malgré leur niveau, tous les plans de jeu ont été compris, mis en application. Quand il y a un super état d’esprit, le bonheur d’être ensemble, c’était super franchement. C’était une très bonne expérience, dans l’éducatif, faire jouer tout le monde.

J’ai pris une licence pour être 3e ou 4e gardien du CPB. Mais l’objectif n’est pas de jouer. C’est d’être en support, prioriser les jeunes, qu’on puisse continuer la formation des gardiens. J’ai pris une licence au cas où. Mais je pars sur autre chose complètement.

Non, je suis incapable d’en donner pour l’instant. Je veux que les joueurs s’éclatent. L’idée c’est de les accompagner. C’est eux qui vont mettre les objectifs, et l’exigence on pourra la faire monter. Je suis capable d’être dans l’éducatif, et de monter dans le directif s’il faut aller chercher le résultat. C’est à eux aussi de savoir s’ils le souhaitent. Quand tu es coach en amateur, c’est à eux de fixer les objectifs, et à moi de mettre en place les choses pour ce qu’ils ont fixé. Voilà en tout cas comment je vois les choses pour la première partie de saison. J’ai de bons petits joueurs qui ont vécu une saison difficile (le CPB est relégué en R1 après une saison en N3, ndlr). L’idée est de retrouver du plaisir, plus de victoires que l’année dernière. Je passe aussi après un entraineur qui a fait R2-R1-N3. Je ne l’ai jamais rencontré, j’espère le pouvoir, c’est toujours bien. L’idée c’est surtout que les joueurs prennent du plaisir.

"L’important dans un club, c’est que tout le monde voit dans la même direction"

Tu vas continuer ton parcours à Rennes, tout en gardant on l’imagine un regard sur le Stade rennais ?

Le Stade rennais fait partie de nos discussions, cette ville vibre avec le Stade rennais. Chaque discussion me ramène au Stade rennais. Ça serait aberrant de penser que je ne garde pas un regard dessus. J’ai encore des copains, j’ai un attachement spécial au Stade rennais, j’y ai signé mon premier contrat en 1997 à 13 ans. J’ai plus d’attachement au Stade rennais qu’il n’en a pour moi, mais ce n’est pas grave, ça fait partie du jeu (rires). Je suis très content de vivre dans cette ville.

Ton fils Maïdy jouait aussi là-bas jusqu’à il y a peu (non conservé par le club).

Oui c’est terminé, ça fait partie d’une carrière. Était-il au niveau d’exigence du club ? Peut-être pas, c’est un club très exigeant. La vie continue, il va sur un autre projet. À lui de grandir tranquillement. Il y a une stabilité. On a trouvé une ville et un club qui nous ont permis de bien finir, que tout le monde soit bien, et je remercie le Stade rennais pour ça. Je ne remercie pas certaines personnes qui m’ont évincé de force évidemment. On a vu les résultats derrière, et je pense que ce n’était pas forcément une bonne chose pour le Stade. J’avais toujours dit que j’arrêterais quand j’aurais trouvé une personne capable de faire le travail qu’on faisait dans le vestiaire. Pour moi ils n’avaient pas trouvé la personne qui pouvait nous remplacer. Ils ont pris, ils ont tenté, et ça n’a pas marché. C’est comme ça, maintenant je leur souhaite le meilleur, je ne vis pas dans le passé, mais le message est passé.

Quel regard portes-tu sur les changements récents, le départ de Florian Maurice et l’arrivée de Frederic Massara ?

Je pense que l’important dans un club, c’est que tout le monde voit dans la même direction. Et là j’avais l’impression quand même, en étant un peu à l’intérieur, qu’il y avait les discours de presse, ceux en dehors, et tu te rendais compte que tout le monde ne la jouait pas franc jeu. Après, Rennes a toujours été un club très politique. C’est plus compliqué qu’on ne le croit. Ça ne fait pas de bruit, mais en-dessous ça travaille. Ce que j’aimerais, c’est que tout le monde travaille dans le même sens et qu’au lieu de dire « ah tu as vu il n’a pas réussi », dise « comment je peux t’aider ? ». Et l’idée du « comment je peux t’aider ? » au Stade rennais, elle est compliquée. C’est toujours « mon petit nombril », chacun veut récupérer une petite partie d’un petit truc pour pouvoir performer. C’est ce qui m’embête le plus au Stade rennais.

Est-ce que tu penses que Julien Stéphan est compatible avec Frederic Massara ?

J’espère. C’est à eux de bien gérer ça. Je ne vois pas pourquoi, Julien a réussi à avoir des résultats dans le passé. Massara ne connait pas le milieu français, c’est quelqu’un qui a une grosse expérience européenne. L’adaptation à un nouveau championnat n’est forcément pas simple, comment tu structures autour de lui, comment ils se structurent ensemble… Il n’y a pas de raison, il y a matière pour faire les choses bien. Il va peut-être falloir leur laisser un peu de temps. J’ai vu que le président Cloarec avait dit qu’ils joueraient (une place pour) la coupe d’Europe la saison prochaine (objectif pour 2025-2026, ndlr). C’est un petit peu dur de le dire directement. Moi je ne l’aurais peut-être pas forcément dit. Quand tu as vécu une saison difficile, qu’il y a tout un remaniement, pourquoi mettre la pression déjà ? Quelque part, en ayant eu cette déclaration, il remet la pression sur Julien Stéphan d’entrée.

Le Stade rennais vit-il un vrai changement d’ère ?

Quand il y a un changement de direction (sportive) comme ça, il y a un changement d’ère. J’espère qu’on ne va pas parler de ce qu’il s’est passé ces 5-6 dernières années comme si c’étaient les meilleurs moments du Stade rennais, comme je l’entends déjà. J’espère qu’on aura fait, avec mes collègues, ce qu’il faut pour dire qu’on a été une étape pour que le Stade rennais continue encore de grandir. De tout coeur, j’espère qu’ils repartent sur quelque chose d’un peu plus neuf, que la mayonnaise prenne bien, et qu’on soit fiers d’être Rennais tous ensemble, car il y a une super énergie dans la ville quand le Stade rennais gagne. On va voir s’il y a des preuves d’intelligence. J’attends de voir, je suis pressé de voir comment ça va se passer, même si je serai moins attentif car je vais être davantage sollicité (avec le CPB, ndlr).

On annonce beaucoup de départs dans l’effectif. Pour toi, cette nouvelle ère doit-elle débuter par un renouvellement important ?

C’est toujours pareil. Si tu enlèves toute l’âme, attention. Je ne sais pas. Avec qui ? Pourquoi ? Quels joueurs sont motivés pour rester ? Aujourd’hui, si tu n’es pas motivé, il ne faut pas garder les joueurs en fait. Combien veulent partir vraiment ? Je sais qu’il y en a qui ont demandé à partir, ouvertement. Combien sont-ils, et pourquoi ? Est-ce qu’ils se sentent en fin de cycle, ou est-ce qu’ils ont des offres superbes à l’extérieur ? Mais Rennes est un grand club. Aujourd’hui quand on voit les problèmes dans le football, les droits TV, il y a quand même un peu de sérénité à Rennes quoi, de la sécurité. Les gens ne se rendent pas compte quand ils veulent partir de Rennes. Je le dis souvent aux jeunes, attention quand vous voulez partir. Il y a des endroits où ça peut faire rêver, mais Rennes est un très grand club. Il a tout pour être un grand club, en tout cas. J’ai beaucoup bougé, et j’ai le recul pour dire qu’on n’est pas dans un club moyen avec Rennes.

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