Le Journal du Real
·6. August 2025
Pourquoi Mastantuono ne peut pas rejoindre le Real Madrid avant ses 18 ans ?

In partnership with
Yahoo sportsLe Journal du Real
·6. August 2025
Tout semble sourire à Franco Mastantuono, prodige révélé à River Plate, débarqué samedi dernier dans la capitale espagnole pour bâtir la suite d’une carrière déjà prometteuse. Mais depuis son arrivée, la star en devenir est contrainte à un étrange exil « intérieur » : Mastantuono vit à quelques encablures du stade Santiago-Bernabéu, partage des repas avec Kylian Mbappé ou Vinicius Jr., mais ne peut ni s’entraîner ni intégrer la Ciudad Deportiva du Real Madrid. Son délit ? Ne pas avoir encore atteint la majorité fustige ELDEBATE.
Cette situation trouve son origine dans une réglementation votée par la FIFA dans les années 1980, en réaction à des scandales d’exploitation de jeunes Africains par des clubs et des agents européens. À l’époque, l’afflux de mineurs venus du Maroc, de Tunisie, du Nigeria ou du Cameroun, parfois logés dans des conditions précaires, écartés sitôt jugés insuffisants, alarme l’instance. Pour stopper l’hémorragie, la FIFA interdit tout transfert international de joueur de moins de 18 ans, sauf exceptions très contrôlées. Un principe louable dans un contexte où la protection de l’enfance prime. Mais appliqué avec la même rigueur à l’autre bout du monde, il révèle de véritables contradictions.
Installé aux portes de Valdebebas, Mastantuono expérimente l’incohérence extrême de ce système. Il peut discuter, manger, partager des conseils avec les joueurs du Real, mais pas courir à leurs côtés sur le terrain d’entraînement. Entre la veille de ses 18 ans où toute activité reste illicite, et minuit passé où il redevient éligible à la pratique professionnelle, c’est tout le paradoxe d’un système dépassé qui éclate.
Pour les clubs européens, et particulièrement le Real Madrid, la législation devient contre-productive. Les grands talents sud-américains sont déjà formés, encadrés, prêts à s’intégrer immédiatement dans l’effectif, mais se voient contraints à une attente passive ou à un prêt forcé dans leur club d’origine. Côté sportif, cette réglementation freine l’acclimatation et l’intégration tactique du joueur ; côté humain, elle installe une zone grise où les gestes les plus anodins prennent des allures de transgression.
Le cas Mastantuono réactive un débat de fond, la légitimité d’une législation universelle, figée malgré l’évolution radicale du football et de ses filières de formation. Protéger les jeunes joueurs reste un impératif pour la FIFA, mais n’est-il pas temps, plus de quarante ans après ses débuts ?
Du côté des clubs, la pression monte pour une réforme adaptée : permettre à des jeunes déjà sous contrat professionnel, encadrés et indemnisés, d’intégrer directement leur nouvelle équipe européenne, tout en restant attentif pour les cas à risque véritable d’exploitation. La trajectoire de Mastantuono, illustre la distorsion d’une règle conçue pour préserver… qui finit par desservir des joueurs dont tout prouve qu’ils sont pleinement protégés.
Dans l’attente, la presse argentine et internationale observe avec curiosité comment le jeune milieu s’acclimatera au Real Madrid après ce curieux aparté. Mais le vrai signal, c’est l’urgence d’une réforme.
Djamel BENNACER