Peuple-Vert.fr
·28. Juni 2024
In partnership with
Yahoo sportsPeuple-Vert.fr
·28. Juni 2024
À la surprise générale, l’international néo-zélandais Ben Old devrait bien rejoindre l’ASSE à en croire 90 football. Inconnu par la grande majorité, nous avons échangé avec OutBack Football, spécialiste du football australien pour Lucarne Opposée.
Première question, Ben Old évolue dans le championnat australien. Relativement méconnu en France. Peux-tu nous en dire plus sur cette Ligue ? Quel style ? Quel engouement ? Quel niveau ?
OutBack Football : « On va retrouver un système un peu américain. Il y a une saison régulière de 27 journées. Puis une sorte de mini-championnat avec des barrages d’accession en demi-finale. Une demi-finale et la finale qui couronne le champion. Ce qui est différent, c’est qu’ils sont 12 équipes. 13 l’années prochaines, puisqu’il y a une nouvelle franchise qui va voir le jour en Nouvelle-Zélande, avec Auckland. L’année dernière, ça se jouait sur 27 journées. Par rapport au style de jeu, il n’y a pas une identité qui se dégage. À part le fait que c’est une ligue qui est assez physique, parce que les Australiens sont assez physiques dans leur style de jeu. L’engouement populaire n’est pas forcément celui espéré. Ce n’est pas le sport numéro 1 en Australie. Même si c’est le plus pratiqué, ce n’est pas le sport le plus suivi, au contraire, c’est un peu la crise financière là-bas. Pour les clubs, il n’y a pas l’affluence espérée en tout cas.
En ce qui concerne le niveau, j’aime bien reprendre ce que fait Opta avec les Power Rankings. Ils attribuent des notes en fonction des clubs. Donc si on a le Real Madrid en numéro 1, on peut trouver des équivalences au football Australien en 1ère division écossaise ou 2ème/3ème division anglaise. »
Ben Old devrait rejoindre l’ASSE. Il semble pétri de talent, peux-tu nous en dire davantage sur son parcours et sa dernière saison ?
OutBack Football : « C’est un gars qui devait percer dans le golf, mais il s’est mis dans le foot. Tant mieux ! Il a une carrière néo-zélandaise parfaite, c’est-à-dire qu’il a été tout de suite repéré par Wellington Phoenix, donc il a joué avec la Réserve rapidement. La Réserve qui joue dans le championnat local de Nouvelle-Zélande. Avant d’intégrer l’équipe, un an plus tard, il passe un peu sous les radars parce qu’il a eu un gros pépin physique qui l’a éloigné des terrains. Il a été retapé par le physio de l’équipe. Quand son nouvel entraîneur est arrivé, celui d’aujourd’hui, Gian Carlo Italiano, il a voulu construire autour de Ben Old. ça paraissait un peu fort de café, parce qu’il n’avait qu’une vingtaine d’années, mais le coach savait déjà, comme il était l’adjoint avant, que Ben Old avait un gros potentiel.
J’avoue qu’au début, je ne l’avais pas trop vu. Mais cette année, c’était incroyable. C’est-à-dire qu’on est sur un jeune qui n’a pas forcément des grosses statistiques (buts/passes décisives). Ce n’est pas un joueur qui a inscrit 20 buts en 20 matchs. Mais c’est un gars, quand tu le vois jouer, tu te dis qu’il a quelque chose. Dans la progression du jeu, sa vision, sa qualité de passe, etc. C’est quelqu’un qui est top. Je pense que s’il va à l’ASSE, ce n’est pas anodin. »
Quelles sont ses qualités fortes et ses axes d’amélioration ?
OutBack Football : « Il a une belle vision du jeu, il te fait vraiment progresser ton équipe. Il est très souvent dans le demi-espace. Il est milieu gauche, mais il peut très bien dépanner au centre, être meneur de jeu excentré. L’ASSE va agir en post-formation. ls ont un diamant, c’est un carré. Le but du jeu, ça va être de lui donner de la forme pour qu’il brille davantage. Il va falloir bosser parce qu’il arrive de très loin. Et avant qu’il devienne ce que vous pourriez espérer être un nouveau crack, ça va prendre du temps. Il va falloir être patient. Mais en tout cas, c’est un gars qui franchement prometteur. Il a été top, top, top. Il a été dans les All-Star Games. Il a vraiment été incroyable.
Ce n’est pas étonnant, de le voir partir.
Ben Hold est un milieu offensif qui peut jouer un 8 en 10 sur l’aile. Ce que je retiens c’est sa capacité à effectuer des courses vers l’avant, son accélération dans les situations de contre, sa vision et sa frappe de balle. C’est aussi quelqu’un qui apprend vite. Il est vraiment sur la pente ascendante. Il va venir avec son bagage, avec tout ce qu’il sait faire, ce qui est largement suffisant pour partir. On savait depuis novembre qu’il allait partir. Quand il a signé son contrat jusqu’en 2027, que ce soit lui ou l’entraîneur, ils savaient tous les deux que Ben Old allait partir. Tout le monde savait qu’il allait partir. Comme il apprend vite, comme il a explosé cette saison, il y a beaucoup d’espoir en lui. »
Prêt pour faire le grand saut ? Les changements vont être majeurs pour lui.
OutBack Football : « C’est la fameuse question qui pose un problème parce que partir si loin dans un autre continent, c’est hyper compliqué. Il va falloir très vite s’adapter. Saint-Etienne, Wellington, c’est très loin. Ce n’est pas l’Océanie non plus. J’avais échangé avec un australien qui avait rejoint la Ligue 1.
Il m’avait confié que lors de l’arrivée en France, ils découvrent la neige, le froid, l’humidité. C’est hyper compliqué pour eux de s’adapter parce que le corps n’était pas du tout habitué.
Il va y avoir aussi le côté où là, les statistiques ne peuvent pas le montrer, mais il joue à Wellington, il joue dans un championnat à 27 journées, 29 avec les playoffs. Puis, il va arriver en Ligue 1, c’est un grand saut. Il va y avoir l’enchaînement des rencontres. En Australie, ils jouent 29 journées, 27 si tu n’es pas qualifié en play-off. Tu vas arriver sur un championnat de 34 journées, plus la Coupe. Ça va être très compliqué de faire ce passage-là. Il va y avoir un effort à faire sur l’endurance. Il va falloir qu’il passe du temps en salle de musculation aussi, parce qu’il a un profil qui est assez frêle. Par rapport à ce que moi je vois en Ligue 1, il va devoir se muscler un peu.
Par ailleurs, il a eu un gros pépin physique l’année dernière. Il a été éloigné des terrains assez longtemps. Il a été bien retapé mais il a un corps qui est aussi été meurtri à ce moment-là. De mon point de vue, il faudra bien prendre le temps. Il ne faut pas le lancer trop vite parce qu’il peut se casser en plein vol. »
Une bonne pioche pour les Verts selon toi ?
OutBack Football : « Je reste prudent. Je suis très content qu’il arrive à Saint-Etienne. Il a les capacités pour y jouer. Mais avec le recul et avec les expériences d’autres joueurs qui sont arrivés en France, il va falloir prendre du temps et être patient. C’est ce qu’il va devoir faire pour pouvoir s’adapter.
Ce que j’aime bien apporter, c’est le contexte dans le sens où souvent les statistiques. Si on les regarde de façon brute, on peut se dire X joueur a marqué 30 buts en 30 matchs, mais c’est vrai qu’il a été dans une équipe qui a survolé le championnat. Sauf qu’en Australie, il y a un contexte. Wellington, c’est un des deux plus petits clubs d’Australie en termes de budget. Le contexte est qu’il est arrivé dans l’équipe, dans une saison, qui vient de se terminer, où le club écrit sa légende. Ils n’ont pas de trophée, mais c’est la plus belle saison qu’ils aient faite de toute leur histoire. Ils sont arrêtés en demi-finale du championnat. C’est historique. Vraiment. Ce sera écrit dans les archives de ce club que la meilleure saison de l’histoire s’est écrite avec Ben Hold.
Personne n’attendait ce club à cette position. Personne n’attendait ces jeunes à ce niveau-là. Ils ont réussi, Ben Hold, son entraîneur Giancarlo Italiano, à trouver une mayonnaise pour faire aller le club quelque part où on ne l’a jamais vu. Et c’est aussi grâce à Ben Hold, parce qu’il a apporté, au-delà de ses quelques buts, toutes ses qualités offensives. Il peut jouer partout, même s’il est plus à l’aise à gauche comme il est gaucher. »
OutBack Football : « Ça a été un gamin qui a été étonnant. Il a tout juste 21 ans et il a amené le club tout en haut. Il ne sort pas d’un club qui survole le championnat, qui a 13 titres en 13 saisons.
Il y a aussi un truc qu’il faut prendre en compte et qui est hyper important pour les joueurs Australiens et les Néo-Zélandais avec qui j’ai pu échanger. Ils disaient, nous, on vient d’un pays qui n’a pas le foot en sport numéro 1. On doit en faire deux fois plus pour être considéré à la même hauteur. Il faut marquer deux buts pour considérer qu’on en est marqué un.
En ayant échangé avec plusieurs joueurs quand ils étaient en Europe, ils disent à peu près la même chose : C’est hyper compliqué parce qu’on les snobe un peu quand ils arrivent en Europe. « t’es australien, on joue au foot là-bas ? » Il faudra être patient car il est capable de belles choses. »